Bloquer l'accès à une machine dangereuse
ou comment asservir une machine
Sécurité du travailleur- partage d’expérience
Dans le monde industriel au sein duquel nous évoluons, nous utilisons des machines de plus en plus complexes, techniques, nécessitant des connaissances et des compétences accrues et donc de la formation.
En France en particulier, la sécurité du travailleur est une obligation inaliénable de l’employeur. C’est-à-dire que le chef d’entreprise qui s’occupe en général plus du développement de l’entreprise et de sa gestion, est responsable de la sécurité de l’ouvrier qui travaille à l’autre bout de l’atelier sur une machine dite « dangereuse » et pour cause, les machines industrielles le sont toutes.
Les solutions pour se prémunir d’un éventuel accident du travail sont limitées.
Les conséquences d’un accident du travail sont désastreuses :
– Pour l’ouvrier (ex. une blessure permanente),
Pour info, selon une étude de l’Insee, 26% des salariés en France ont eu au moins 1 accident de travail avec blessure.
– Pour l’entreprise
o des taxes à payer en plus
o Des indemnités ou des dommages et intérêts,
o Une perte de temps de production (et donc des retards de livraison/facturation)
o L’image de marque de l’entreprise est affectée si l’info est publiée,
o Une foultitude de procédures avec tous les fonctionnaires mandatés par l’état pour intervenir directement sur le sujet : inspection du travail, médecine du travail, police nationale, etc.
o En plus des autres fonctionnaires qui seront alertés et interviendront en préventif (DREAL, DIRECTTE, Urssaf, etc.)
– Pour le chef d’entreprise
Qui peut se retrouver appelé en responsabilité pénale avec toutes les conséquences pour sa vie privée et professionnelle
Comment se prémunir de cette situation
Vous ne pouvez pas être derrière chaque ouvrier tout le temps et effectuer votre travail de patron. C’est ce que chacun d’entre nous exprime au quotidien.
Il existe beaucoup de solutions :
Les plus basiques par exemple :
1- L’affichage sur le tableau d’affichage des règles de sécurité à respecter au sein de l’entreprise
2- La formation des salariés (penser à faire signer une feuille de présence, indiquant le formateur et le participant, datée et signée)
3- Le rappel régulier des règles de sécurité lors des réunions ou des pauses café/croissant (faire signer les participants une feuille de présence)
a. Attention : même si vous donnez des consignes claires au chef d’atelier et qu’un accident malheureux arrive, vous restez en temps que chef d’entreprise le seul responsable. Vous êtes le mandataire social et donc le seul punchingball. La sanction ultime du salarié, c’est son licenciement (avec pour certitude d’un procès prudhommal à l’issue duquel vous n’êtes pas sûre de gagner peu importe votre bonne foi)
Que pouvez-vous donc faire ?
La seule option que vous avez c’est de prouver votre bonne foi, en amenant la preuve irréfutable que vous avez mis tous les outils nécessaires en place pour protéger votre salarié.
Quels sont les outils les plus connus :
1- La paperasse : c’est du temps mais ce n’est pas cher à mettre en place
o Le règlement intérieur si vous en avez, à faire signer au salarié lors de sa remise en main propre
o La fiche machine qui doit être affichée sur la machine et indiquant entre autres le nom/prénom des salariés habilités à utiliser la machine
o Le document unique de prévention des risques professionnels, que vous devez suivre et indiquer les améliorations réalisées chaque année
2- La sous-traitance :
o Le contrôle annuel des installations électriques, thermiques, mécaniques et incendie
o Vérifier que votre assurance couvre bien certains risques et les plafonds du contrat
o Avoir une protection juridique pour l’entreprise ET pour le dirigeant
3- Former les utilisateurs :
o Soit en interne
o Soit par un organisme externe, en général le fabricant de la machine ou des organismes agréés
Je vous recommande vivement de :
1- Garder les fiches de présence signées
2- Mettre en place un tableau de suivi des formations des utilisateurs pour chacune des machines
Certaines formations vous paraissent inutiles, vous vous dites que c’est du bon sens, comme utiliser un extincteur. Eh bien non, sous la pression les gens paniques et perdent leurs moyens, la seule solution c’est d’avoir des automatismes grâce à une formation.
Combien d’entre vous n’ont pas définis un point de ralliement ou affiché un plan des locaux indiquant la position des extincteurs, des issues de secours et du point de ralliement.
4- Bloquer l’utilisation des machines, et ne donner accès qu’aux utilisateurs que vous avez habilités (il s’agit d’asservir l’accès aux machines).
Il existe plusieurs solutions en voici quelques-unes :
1- Acheter des machines à commandes numériques avec un mot de passe pour y accéder.
L’option de mot de passe est assez chère et ce n’est pas toujours adapté au parc existant. Le mot de passe peut être communiqué verbalement, ou volé en regardant la personne le taper sur le clavier.
2- Mettre des boutons d’arrêt d’urgence avec une clé pour arrêter la machine, enlever la clé et la mettre dans une armoire avec un cahier de suivi. Malheureusement le cahier n’est pas souvent tenu avec rigueur (chassez le naturel, il revient au galop)
J’ai vu des situations où, à la suite d’un accident des pages du cahier avaient disparues !!!
3- Mettre un cadenas de verrouillage de la machine avec une clé et un cahier de suivi (idem que la solution ci-dessus)
Dans mon usine, j’ai adopté un mix des solutions vus ci-dessus et ajouté des outils électroniques.
POURQUOI ?
L’électronique permet de tracer facilement l’utilisation des outils ET de limiter cette utilisation aux seules personnes habilitées.
Le système à codes n’étant pas dans ce contexte assez fiable à mes yeux, puisque le code peut être passé verbalement à un collègue, ou subtilisé sans que son détenteur ne s’en rende compte.
Un chef d’atelier doit faire en sorte que le client soit livré dans les temps, il n’a pas la ressource humaine formée sous la main, il prend la personne qui a ses yeux lui paraît la plus à même d’effectuer le travail, lui montre en quelques minutes comment faire et lui donne accès à la machine. Eh voilà, un accident avec blessé vous pend au nez.
Je recommande un système à badges. Cela ne coûte pas plus cher. Vous supprimez defacto la situation où un utilisateur actionne 2 machines en même temps. Son badge doit être bloqué sur la machine temps qu’il l’utilise. Dès qu’il enlève son badge la machine s’arrête. Le badge étant un élément physique dont le salarié est responsable, il ne peut être subtilisé sans qu’il s’en rende compte. Quand vous lui remettez le badge, vous lui faites signer un document lui indiquant qu’il en est responsable et qu’il a l’obligation de vous informer de sa disparition dès qu’il le constate.
Quels systèmes choisir : cela dépend du nombre de machines à sécuriser
5 Machines ou plus :
Mettre en place une armoire électronique de gestion des clés des machines avec des badges utilisateurs : AGRID
a. Chaque utilisateur ne peut emprunter qu’une clé à la fois.
b. Vous limitez l’accès à une clé par utilisateur (donc une machine par ouvrier)
c. Vous installez l’armoire au centre de l’atelier afin de ne pas faire perdre du temps aux ouvriers qui veulent changer de machine régulièrement.
d. Vous avez la traçabilité complète des emprunts et des restitutions des clés et vous savez en temps réel qui a quelle clé et donc travaille sur quelle machine
1 à 5 machines
Je vous recommande Bicode Automatisme. C’est un lecteur de badge qui asservit l’alimentation électrique de l’automate de votre machine.
C’est l’équivalent d’un bouton Marche/Arrêt mais avec un badge utilisateur.
Pour le faire fonctionner il faut que l’ouvrier insert son badge dans le réceptacle. S’il est habilité à utiliser la machine, l’alimentation se met en route, sinon, NON.
Vous avez la traçabilité des accès, et vous pouvez voir s’il y a eu des tentatives de tricherie, par des gens qui se croient plus malins que les autres (ils seront déçus)
Dans tous les cas, l’asservissement d’une machine par un système électronique ne doit pas vous coûter plus de 500 à 600€ HT par machine, avec évidemment une dégressivité si vous en avez plusieurs.
Si vous avez des questions, je vous propose de m’appeler.
Il ne s’agit pas pour moi de prendre ma casquette de vendeur et de vous vendre mes produits, mais plutôt de vous accompagner, de vous conseiller.
Etant chef d’entreprise, ayant essuyé à peu près tous les plâtres possibles et imaginables, eu des procès parfois virulents, parfois pragmatiques, je suis pour le partage de l’expérience.
Quelqu’un m’a dit il y a longtemps que « la connaissance n’a d’intérêt que si elle est partagée ».
Nombreux sont les chefs d’entreprises qui ont eu la gentillesse de partager avec moi, de me conseiller, c’est ce que je vous propose à mon tour.
Donc à très bientôt.
Pascal Moukarzel